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La Seconde Guerre Mondiale par des passionnés pour des passionnés !
N° 78
Dossier spécial
Face à
Juillet 2012
l’expansion
japonaise
Les opérations
navales et amphibies dans
le Paciique et l’océan Indien
Avec la participation de :
Tom Womack, Fabrice Théry, Paul-Yanic Laquerre…
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S o m m a i r e
HISTOMAG’44
N° 78
Juillet 2012
Ligne éditoriale :
Histomag’44 est produit par une équipe de bénévoles pas-
sionnés d’histoire. À ce titre, ce magazine est le premier
bimestriel historique imprimable et entièrement gratuit.
Nos colonnes sont ouvertes à toute personne qui sou-
haite y publier un article, nous faire part d’informations,
annoncer une manifestation.
Si vous êtes intéressé à devenir partenaire de l’Histo-
mag’44, veuillez contacter notre rédacteur en chef.
Contact : histomag@39-45.org
Rédaction :
Responsable d’Édition :
Prosper Vandenbroucke
Rédacteur en Chef :
Vincent Dupont
Conseillers de rédaction :
Henri Rogister, Patrick Babelaere (Dynamo),
Eric Giguere (Audie Murphy)
Responsable communication et partenariats :
Jean Cotrez (Jumbo)
Secrétaire de rédaction :
Danielle Lelard (nanou)
Correction :
Laurent Liégeois (litjiboy), Yvonnick Bobe (brehon),
Danielle Lelard (nanou), Nathalie Mousnier
(petit_pas)
Relecture et correction déinitive :
Vincent Dupont, Laurent Liégeois (Litjiboy)
(Lecture partielle), Etienne Wilmet (Tienno)
Infographie et Mise en pages :
Etienne Wilmet - WeM Infographie
Responsables rubriques :
Jean Cotrez (jumbo),
Informatique et publication :
Pierre Chaput (histoquiz) et Frédéric Bonnus
(fbonnus)
Sommaire du n° 78
Éditorial (Vincent Dupont) : ............................................................................... p3
Le déploiement de la Force Z (Tom Womack) : ........................ p4
Les Aléoutiennes (6juin 1942 15 août 1943) :
la campagne oubliée (Fabrice Thery) : ............................................. p16
Darwin 1942 :
le Pearl Harbor australien (Tom Womack) : ............................... p32
La bataille de Midway (Pierre Chaput) : ............................................ p39
L’USS South Dakota : de Guadalcanal à Okinawa,
en passant par l’Atlantique ( Jeremy Delawarde) : ................ p44
Opération Ironclad, 1942 (Fabrice Thery) : .................................. p50
Le cuirassé Yamoto,
un titan sacriié (Paul-Yanic Laquerre) : ............................................ p69
DKW NZ -
Une moto de légende en 2 temps… (Frédéric Bonnus) : p73
La défense passive belge (Prosper Vandenbroucke) : ....... p81
Résumé de travaux préparatoires à une soutenance
d’habilitation - (Juin 2012) (François Delpla) : ......................... p85
Militaria (Mahfoud Prestiilippo) : .......................................................... p89
Poste de direction de tir type R636a ( Jean Cotrez) : ........... p93
Ceux qui restaurent les fortiications :
le Kahl-burg de Rodolphe Bric ( Jean Cotrez) : ........................... p96
Le coin lecteur (Vincent Dupont) : ........................................................ p99
2
Sommaire
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É d i t o
HISTOMAG’44
Chers amis lectrices et lecteurs,
Giguere nous a traduit (nous l’en remercions) pour nous
trouver à Darwin en 1942 au moment du raid japonais. On le
voit, cette année 1942 représente un tournant dans la guerre
du Paciique, aussi nous nous devions d’aborder la fameuse
bataille de Midway, dont le déroulement sera relaté par notre
ami Pierre Chaput. Le chapitre américain sera clos avec une
présentation de l’USS South Dakota par Jeremy Delawarde.
Ensuite nous changerons d’océan pour rejoindre les côtes
de Madagascar où Fabrice Théry nous racontera comment,
en 1942, pour faire face à la menace nippone sur l’île, les bri-
tanniques lancent l’opération Ironclad. Enin pour terminer, et
pour parler d’un bâtiment devenu célèbre à la in de la guerre
pour la marine impériale japonaise, Paul-Yanic Laquerre nous
parlera du cuirassé Yamato, de sa genèse à sa in.
Alors que l’été arrive (et qui commence déjà bien pluvieux par
endroits), la rédaction de l’Histomag’44 a décidé de vous faire
découvrir (ou redécouvrir) certaines opérations plus ou moins
connues du Paciique et de l’Océan Indien. En effet, dans le
but de compléter le champ d’étude sur la Marine que nous
avions commencé à évoquer dans notre précédent numéro,
nous nous pencherons maintenant vers ces théâtres d’opéra-
tions. Aussi les marins plus passionnés par le Paciique que
par l’Atlantique trouveront bon compte dans ce numéro, nous
le leur avions promis dans notre précédent éditorial.
La marine fut en effet un élément capital dans la guerre dans
le Paciique et l’Océan Indien. Dès 1941, la marine devient
primordiale pour les opérations navales et amphibies : pour
le Japon, tout d’abord, ain d’étendre son empire à l’Extrême-
Orient et d’assurer la protection de ses conquêtes ainsi que
leurs lignes de ravitaillement. Les plus marquantes de ces opé-
rations furent Pearl Harbour ou encore la bataille de Midway
mais il y en eu bien d’autres, et moins connues. Les États-Unis
également accordèrent une place importante à la marine, qui
fut la pierre angulaire de la reconquête du Paciique. Seule-
ment voilà quand on dit « guerre dans le Paciique » on pense
d’emblée au Japon et aux États-Unis, et pour la conception de
ce numéro nous avons voulu aller au-delà de cette conception,
et parler de nations qui elles-aussi participèrent, avec plus ou
moins de réussite, à la guerre dans le Paciique et l’Océan
Indien. Pour ce numéro donc, nous avons cherché à vous
montrer des points de vue japonais et américains certes, mais
aussi australiens, canadiens, britanniques et vichystes. Nous
aurions voulu parfaire ce paysage en vous proposant un angle
néerlandais et un autre français libre, mais les vicissitudes de
la recherche d’articles et d’auteurs nous en ont empêchés.
J’espère que vous ne nous en tiendrez pas rigueur ! Et si vous
souhaitez approfondir plus particulièrement le sujet méconnu
de la France Libre dans le Paciique, nous vous invitons chau-
dement à consulter l’article réalisé par Thomas Vaisset dans
le n° 257 de la Revue Historique des Armées, consacré à la
défense sous inluence américaine des territoires français du
Paciique durant la guerre.
Bien évidemment, outre notre dossier spécial, vous pourrez
trouver en deuxième partie, comme à l’accoutumée, nos ru-
briques « hors-dossier », aussi diverses et variées qu’intéres-
santes, pour continuer de vous présenter la guerre autrement
que par l’histoire bataille. Vous retrouvez ainsi un article de
notre webmaster/érudit Frédéric Bonnus sur la DKW NZ350
(pour les ignorants qui comme moi ne savent rien de ce nom
barbare, c’est une moto allemande !). Nous découvrirons en-
suite une présentation de la défense passive belge par Pros-
per Vandenbroucke. Nos rubriques seront une fois de plus
très riches, avec pour commencer une présentation du corps
des US Marines durant la guerre par Mahfoud Prestiilippo.
Ensuite notre ami Jean Cotrez vous présentera, non pas une,
mais deux rubriques avec tout d’abord sa traditionnelle pré-
sentation d’un élément de fortiication, le R636. Puis, nouvelle
rubrique dans le Mag, il vous présentera ceux qui sont trop
peu connus, ceux qui prennent de leur temps pour restaurer
et rénover les ouvrages bétonnés que ce conlit nous a laissés
en héritage. À travers une présentation et une interview, il vous
fera désormais découvrir ce patrimoine bien souvent ignoré
et qu’il nous faut préserver. Enin nos lecteurs retrouveront,
comme d’habitude, la présentation de quelques ouvrages que
la rédaction a jugé bon de mentionner, voire de recommander.
Toute la rédaction de l’Histomag’44 vous souhaite une
bonne lecture, un agréable été (n’embêtez pas trop vos moi-
tiés avec des visites de blockhaus), et vous donne rendez-vous
à la rentrée pour un nouveau numéro. Je rappelle que l’Histo-
mag’44, ier de compter dans ses contributeurs des historiens
professionnels et des passionnés avertis, ouvre ses colonnes
à tous, y compris et surtout aux historiens de demain. Donc
si vous avez une idée, un projet, n’hésitez pas ! Contactez la
rédaction !
Mais revenons à notre sommaire. C’est tout d’abord l’angle
britannique qui manquait à notre précédent numéro qui ouvri-
ra les hostilités avec un article de Tom Womack sur le déploie-
ment de la Force Z, gracieusement traduit par notre camarade
Yvonnick. Ensuite c’est la campagne des Aléoutiennes, à tra-
vers un article de Fabrice Théry, qui retiendra notre attention.
En effet on en parle peu mais en 1942-1943 une manœuvre
de diversion destinée à neutraliser les Aléoutiennes avait été
lancée sur ces îles par le Japon. Nous voguerons ensuite vers
l’Australie grâce à un autre article de Tom Womack, qu’Eric
Vincent Dupont
3
Édito
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La Marine
HISTOMAG’44
Par
Tom Womack
Le déploiement de la Force Z
L a rédaction de l’Histomag’44 remercie l’auteur d’avoir accepté de contribuer à ce numéro.
Tous les droits d’auteurs de cet article sont réservés par Tom Womack de Arlington, Texas.
Le 4 décembre 1941, les forces armées du Japon étaient en
mouvement alors que les nuages de la guerre assombris-
saient l’ensemble de l’Océan Paciique. Au large d’Hawaii,
six porte-avions lourds et leur escorte, sous le commande-
ment du vice-amiral Chuichi Nagumo, viraient au sud de
façon à être en position pour lancer une attaque sur Pearl
Harbor le 7 au matin. Cette attaque devait être le signal
d’une poussée massive contre les puissances coloniales
occidentales en Extrême-Orient.
escorte de dix destroyers. Toutefois, ils considéraient les
Kongo et Haruna largement inférieurs aux bâtiments bri-
tanniques et déployèrent de nombreux bombardiers dans
le sud de l’Indochine pour protéger leur convoi. Ils déployè-
rent également des sous-marins le long des routes pro-
bables que prendraient les Prince of Wales et Repulse pour
intercepter le convoi.
Le 2 décembre, des avions de reconnaissance américains
venus des Philippines signalèrent 12 sous-marins japonais
faisant route au sud à pleine vitesse au large de l’Indochine.
Il fut supposé avec raison qu’ils se précipitaient pour pa-
trouiller autour de Singapour dans le but d’interdire une
sortie des forces navales britanniques. Une fois sur zone, ils
minèrent des passages entre Singapour et des points clés
de la côte malaise. D’autres rapports estimèrent les forces
aériennes japonaises dans le sud de l’Indochine à 180 appa-
reils, dont 90 bombardiers.
Simultanément, un gros convoi de troupes commença à
faire route au Sud pour envahir la Malaisie. Vingt-huit trans-
ports de troupes quittèrent Hainan en Chine, transportant
26 640 hommes de la 5 ème Division d’Infanterie et du 56ème
Régiment d’Infanterie de la 18 ème Division. Tous étaient des-
tinés à débarquer à Kota Bharoe, Patani et Singora en Malai-
sie et au Siam neutre. L’escorte rapprochée était constituée
du croiseur lourd Chokai , d’un croiseur léger et de treize
destroyers. En arrière se trouvaient quatre autres croiseurs
légers et trois destroyers.
Le 4 décembre, le commandant en chef de la marine bri-
tannique à Singapour, l’amiral Sir Tom Phillips s’envola pour
Manille avec deux membres de l’état-major pour une série
de rencontres secrètes avec l’amiral Thomas C. Hart de l’US
Navy et le général Douglas MacArthur. Ils discutèrent de la
façon dont la lotte britannique en Extrême-Orient pourrait
rejoindre l’Asiatic Fleet à Manille. En raison de leur position
au nord, les Philippines étaient considérées comme idéales
pour lancer des opérations sur les arrières des japonais.
Cependant, aucun navire ne pouvait quitter Singapour tant
qu’il n’y avait pas sufisamment d’avions pour assurer la
protection aérienne de la Malaisie.
Les Japonais s’attendaient à un combat après que leurs
services de renseignements aient signalé l’arrivée de la
Force Z, une escadre de la Royal Navy composée du cui-
rassé Prince of Wales et du croiseur de bataille Repulse , à
Singapour le 2 décembre. Déjà célèbre pour son rôle dans
l’action pour couler le cuirassé allemand Bismarck en mai
1941, le Prince of Wales était le plus moderne des cuirassés
de la Royal Navy. Ayant rejoint la Home Fleet seulement
quelques semaines avant son engagement contre le Bis-
marck , il était considéré comme l’un des plus puissants na-
vires de combat au monde.
En in de compte, la seule proposition utile fut la promesse
de Hart d’envoyer la 57 ème Division de Destroyers ( Whipple ,
John D. Ford , Edsall et Alden ) à Singapour pour participer à
l’escorte des Prince of Wales et Repulse . Mais il ne le ferait
qu’à la condition que les vieux destroyers de la Royal Navy
Scout , Thanet et Thracian fussent réaffectés à la lotte prin-
cipale de Singapour depuis Hong Kong où ils assuraient la
défense locale. Phillips accepta et des ordres furent donnés
des deux côtés. Les évènements montrèrent que ce fut le
seul accord utile obtenu pendant ces rencontres. Alors que
les discussions avaient lieu, la force d’invasion japonaise se
dirigeait vers le sud, protégée par le mauvais temps. C’était
une chance pour les japonais qui avaient misé sur l’effet de
surprise. Toutefois, le 5 décembre, ils repérèrent le cargo
norvégien Halldor à 75 milles au sud de Saigon. Il était parti
de Bangkok à destination de Hong Kong lorsqu’il fut abor-
dé par des marins du destroyer Uranami qui détruisirent
Bien que lancé en 1916, le Repulse avait été profondément
modernisé durant l’entre-deux guerres et était considéré
comme un bâtiment de valeur. Cependant, ces remises à
niveau ne pouvaient cacher le fait qu’il était un croiseur de
bataille relativement peu protégé, sa conception sacriiant
le blindage à la vitesse. Le porte-avions Indomitable devait
accompagner ces deux capital-ships en Extrême-Orient,
mais il s’échoua au large de la Jamaïque et dut entrer en
cale sèche. Le seul autre porte-avions de la Royal Navy pré-
sent dans la région était le HMS Hermès à Ceylan, un vieux
porte-avions léger inapte au service en première ligne.
Pour contrer cette menace potentielle, les Japonais pour-
vurent le convoi de troupes à destination de la Malaisie
d’une force de couverture à distance composée des cui-
rassés Kongo , Haruna , de deux croiseurs lourds et d’une
4
La Marine
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La Marine
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promptement son équipement radio avant de l’autoriser à
poursuivre sa route. Le Halldor atteignit Hong Kong où il fut
capturé à la in décembre.
huit bâtiments hollandais furent déployés au large du Siam
et de la Malaisie. Les points d’invasion les plus probables
étaient supposés être Singapour, Patani et Kota Bharoe. En
conséquence, les K-XII et O-16 prirent position au large de
la côte est de la Malaisie pendant que les K-XI , K-XIII et O-19
patrouillaient dans le détroit de Karimata. Pour s’opposer à
des débarquements à l’ouest de Bornéo, les K-XIV , K-XV et
K-XII se postèrent au large de Kuching.
En dépit du mauvais temps, la chance des Japonais tour-
na le 6 décembre lorsqu’un Hudson de la RAAF repéra le
convoi. Mais, après le rapport initial, il fut de nouveau per-
du dans la tempête. Un PBY du Squadron 207 de la Royal
Navy à Singapour retrouva le convoi à midi le jour suivant.
Cette fois, la couverture aérienne japonaise était prête et
le PBY n’eut que le temps d’émettre un bref message de
position avant que cinq Ki-27 “Nate” l’abattirent. C’était la
première action de la guerre du Paciique.
Ainsi, ce furent les Japonais qui ouvrirent les hostilités en
coulant un certains nombre de canonnières alliées à Shan-
ghai le matin du 8 décembre. Le croiseur léger Izumo , es-
corté par les destroyers Ikazuchi et Inazuma , pénétra dans
le port avant l’aube. Bien qu’ancien, le Izumo était plus
que sufisant pour surclasser et couler en un bref combat
les canonnières britanniques Cicada et Robin . Ensuite, un
détachement de troupes japonaises aborda la canonnière
Peterel ; son commandant leur ordonna de quitter le bord,
arme au poing. Le Izumo it alors mouvement et la coula à
bout portant.
Un oficier de l’US Navy apporta à Hart et à Phillips le
rapport du contact initial. Il conirmait que le convoi japo-
nais – d’abord estimé à trois navires – faisait route au sud.
Cette coniguration fut plus tard corrigée à vingt-sept trans-
ports escortés par un cuirassé (en réalité le Chokai ), cinq
croiseurs et sept destroyers. La position était plein sud de
Saigon avec une route à l’ouest. La destination ne pouvait
être que le Siam ou la Malaisie.
La canonnière américaine Wake était amarrée non loin de
là. Son équipage avait déjà été évacué vers les Philippines ;
il ne restait à bord qu’un petit nombre de réservistes qui
servaient l’équipement radio. Ils dormaient et ne surent que
la guerre avait commencé que lorsque des troupes japo-
naises abordèrent. En infériorité numérique et désarmés,
les matelots n’eurent d’autre choix que de se rendre.
Phillips prit des dispositions pour partir immédiatement.
Au moment d’embarquer dans son avion, les derniers mots
de Hart furent : « Je viens d’ordonner aux destroyers à Ba-
likpatan de gagner Batavia en prétextant du repos et des
permissions, ils vont rejoindre nos forces ». Sur ce, Phillips
décolla et s’éloigna de Manille. Son avion était parti si rapi-
dement qu’un membre d’équipage fut laissé derrière et dut
suivre plus tard.
Pendant ce temps, alors que les Japonais approchaient
de la côte, ils repérèrent un deuxième navire marchand
norvégien 120 milles au nord de Khota Bharu. Le Uranami
stoppa et aborda le navire qui s’avéra être le Haftho r de
1 350 tonnes. Cette fois, les Japonais estimèrent apparem-
ment que le navire se trouvait trop près des territoires alliés
pour le laisser partir. Ainsi, son équipage de quatre oficiers
norvégiens et quarante-sept matelots chinois fut embarqué
dans les canots de sauvetage et laissé à lui-même. Un équi-
page de prise réduit convoya le Hafthor à Hainan quelques
jours plus tard.
Il reçut d’autres rapports en cours de vol annonçant trois
convois supplémentaires totalisant vingt-neuf transports et
de nombreux escorteurs. Toutefois, Phillips attendait dé-
sespérément d’autres informations, le mauvais temps au-
dessus du sud de la Mer de Chine empêcha des patrouilles
supplémentaires parties de Singapour et de Malaisie d’ob-
tenir d’autres renseignements. Bien que le convoi semblât
se diriger vers Bangkok, Singapour déduisit correctement
que sa destination réelle était la Malaisie.
Deux autres cargos norvégiens rencontrèrent également
les Japonais au large de Khota Bharu ce jour-là. Le Hai
Tung est présumé avoir été coulé avec tout son équipage
par un sous-marin alors qu’il faisait route de Bangkok vers
Singapour avec un chargement de riz. Le Ngow Hock fut
intercepté en mer et saisi comme prise. Son équipage fut
relâché par la suite.
Cependant il n’y avait toujours pas de déclaration de
guerre et les Britanniques et les Hollandais n’étaient pas
disposés à ouvrir les hostilités. La Grande-Bretagne se
battait à mort contre l’Allemagne nazie. L’étalement de
ses forces ne lui permettait pas de déclencher une guerre
contre le Japon, aussi forts qu’aient été les indices d’une at-
taque imminente. De leur côté, les Hollandais étaient trop
faibles pour se défendre sans un fort soutient britannique
et américain. Ils étaient également réticents à engager un
combat qu’ils ne pouvaient gagner seuls.
À Singapour, l’amiral Phillips ordonna au Prince of Wales
et au Repulse d’être prêts à prendre la mer sous bref dé-
lai. Si les destroyers américains n’arrivaient pas à temps, il
sortirait sans eux. À ce moment, presque toutes les unités
de l’Asiatic Fleet faisaient route au sud à travers les Indes
orientales néerlandaises. Le croiseur léger Marblehead et la
58 ème Division de Destroyers ( Paul Jones , Steward , Bulmer ,
Barker et Parrot ) ravitaillaient à Tarakan. Le 9, ils quittèrent
Les Britanniques comme les Hollandais considéraient
leurs forces sous-marines comme des forces de première
frappe, mais ils savaient qu’une détection précoce gênerait
sérieusement les opérations futures. Ainsi, pas moins de
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La Marine
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Zgłoś jeśli naruszono regulamin